Radioprotection des travailleurs lors du démantèlement des installations nucléaires

VAILLANT L.

KRS Workshop, Bern, Suisse, 8 April 2016

Résumé

Le nombre de centrales nucléaires mises à l’arrêt définitif est croissant en Europe et aux Etats-Unis. Le démantèlement de ces installations présente des risques particuliers par rapport à la phase d’exploitation qu’il convient d’anticiper et de gérer afin d’assurer un niveau optimal de protection des intervenants.

La préparation et la réalisation de travaux de maintenance dans les installations nucléaires et les centrales électronucléaires en particulier s’appuient sur une connaissance approfondie de l’état de l’installations et des conditions radiologiques et sur l’existence d’un retour d’expérience solide après plusieurs décennies d’exploitation.

Lors du démantèlement de l’installation, les intervenants réalisent des activités sans disposer de retour d’expérience et dans un environnement évolutif, ce qui complexifie la préparation des travaux et le choix des moyens d’optimisation de la radioprotection. Par ailleurs, la rupture progressive des barrières de confinement (découpe des tuyauteries et des gros composants) génère un risque d’exposition interne plus important qu’en phase d’exploitation.

Une gestion adaptée de ces risques repose en premier lieu sur une caractérisation précise de l’installation, caractérisation qui présente également un intérêt pour la gestion des flux de déchets radioactifs générés tout au long du démantèlement de l’installation. Cette caractérisation s’appuie sur des mesures de débits de dose, des prélèvements et analyses (spectrométrie alpha et gamma) de circuits, la réalisation de frottis, l’utilisation de gamma caméra, etc. Il est également important de s’appuyer sur une connaissance solide de l’historique d’exploitation de l’installation et des événements ayant pu impacter les conditions d’intervention (rupture de gaine de combustible, fuites sur le circuit primaire, etc.).

Les données fournies par la caractérisation constituent une base solide permettant de juger de l’utilité de la décontamination chimique des circuits et des composants. Ces données permettent également d’élaborer des prévisionnels de dose pour les différentes opérations de démantèlement et de mettre en œuvre des moyens de prévention du risque de contamination interne (port de masque à air filtrant, tenue étanche ventilée, mise en place de sas de confinement, etc.). La formation à la radioprotection des intervenants doit inclure ces spécificités.

Il convient d’intégrer la gestion du risque radiologique des intervenants dans le contexte plus large de prévention des risques (amiante, plomb, sécurité classique, etc.) en veillant à un niveau de protection optimale des travailleurs.

Le partage d’expérience avec les exploitants ayant déjà réalisé des démantèlements de centrales nucléaires est un facteur important d’acquisition de compétence et d’expérience afin d’identifier les meilleures pratiques en termes de radioprotection des intervenants sur ce type d’activité. Dans cet esprit, le réseau ISOE a mis en place un groupe de travail spécifique (www.isoe-network.net).


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